Les coulisses d'une clinique

L'EPINGLE A NOURRICE DANS LE VENTRE DE SYLVIE

Sylvie était la secrétaire administrative que je remplaçais et qui était rentrée de congé maternité. Je crois qu'elle s'est reconvertie à la religion Marketing. la dernière fois que je l'ai croisée, elle était plus ou moins responsable communication ou marketing chez un fabricant ou un distributeur de produits cosmétiques.

Un jour, elle se plaint d'un mal de ventre classique (à la clinique, on n'hésitait pas à dire faire caca) Sourire. Cela lui faisait tellement mal que quelqu'un au secrétariat médical, Annette ou Corinne, ou peut-être Marie-France à la radio, lui conseille de passer une radio. 

Sur la radio, on voyait, paraît-il (elle me l'a raconté, je n'étais pas là), très nettement, une petite épingle à nourrice quelque part dans son dos. 

Panique à bord. On appelle tous les experts radiologues, infirmiers à la radio, gastroentérologues, tout le monde était sur le pied de guerre. Le patron lui a fait passer un interrogatoire de fou furieux. Tout est passé au peigne fin. Ce qu'elle a mangé à midi, qui était le cuisinier ce jour-là : Jean-François ou Camille, que se passe t-il, qu'est-ce qui se passe ? Cette abrutie de Sylvie a tout simplement oublié d'enlever une petite épingle à nourrice accrochée à sa petite culotte.  Sourire 

La clinique Pereire était spécialisée dans la tuyauterie. Cela fait bizarre à l'entretien pour l'embauche de voir sur un coin de bureau le planning opératoire prévoyant des interventions sur des fissures annales. Sourire Mais on s'y fait très vite. Sourire Quant à l'histoire classique des objets encombrants, il y a eu des ouies-dires mais je n'ai jamais rien vu de mes yeux vus. Sourire

J'ai adoré travailler avec des femmes. Cela coûte très cher. A chaque anniversaire, on s'offrait des fleurs, des parfums et des bijoux. Complètement flippées, les gonzesses. Sourire

Annie m'a offert un livre sur Dali avec les photos de ses tableaux. Je ne comprends rien à la peinture mais Dali, cela me parle. Il dessine des femmes complètement tordues et objets, la femme tiroir. Et il y a des trucs bizarres où il y a plusieurs dessins dans un seul comme le dessin de je ne sais pas qui représentant une femme nue dans la tête de l'homme. On peut voir l'un comme on peut voir l'autre, ou les deux en même temps, cela dépend des fois.

LE COME BACK DE 1996

Quand j'ai rappelé la clinique après quelques années d'absence (j'ai quitté la clinique pour voyager professionnellement et géographiquement), le patron a tout de suite dit oui : Sylvie était en congé maternité, la compable était débordée, il y avait du travail partout.

Il voulait tout informatiser, de la cave au grenier. J'avais déjà travaillé sur PC, j'en avais même plusieurs à la maison. Je connaissais déjà la comptabilité de la clinique et cela tombait au moment où la sécu voulait lancer le PMSI. Il était hors de question que je laisse passer une pareille opportunité. Et je me suis é-cla-tée. Et plus jamais, je n'ai retrouvé un poste aussi sympa, même chez les Anglo-saxons. Les secrétaires médicales passaient de la machine à écrire à l'insertion des photos dans les comptes-rendus opératoires et l'utilisation de macros sur Word. On a travaillé comme des malades et on s'est amusés comme des fous. Je suis rentrée à 10 000  francs brut (1 500 euros). Deux mois après, parce que j'avais besoin d'argent, je suis allée voir le patron pour lui demander une augmentation.  

Et il m'a vi-rée ! 

Virée parce que je voulais une augmentation ! Comme je n'étais pas du tout d'accord pour partir sans comprendre, je suis retournée le voir et il m'a dit quelque chose que je n'ai même pas envie de répéter tellement c'était bizarre. Il m'a en-gueu-lée et je ne vois pas où est la moralité de l'histoire, je n'ai RIEN compris, on ne s'est pas compris et je me suis résignée.

Le dernier jour, parce qu'il avait tout signé sauf la feuille d'Assedic, pour ne pas avoir à attendre jusqu'à 22h au moins, j'ai dû descendre au bloc, hospitalièrement voilée de la tête jusqu'aux pieds et sans parapheur, j'ai vu à travers le hublot de la porte de la salle d'intervention qu'il était non pas d'humeur massacrante comme on me l'avait dit, mais triste. J'ai cru pendant longtemps que c'était un coup de nerf patronal parce qu'il a dit à tout le monde qu'il me virait parce que je suis allée lui demander une augmentation. Et c'est vrai que c'était un coup de nerf patronal, il avait horreur qu'on lui demande de l'argent même si cela n'a rien à voir avec l'argent, il était prêt à me donner tout ce dont j'avais besoin pour être bien. Bizarre vous avez dit bizarre et FG était un bizarre Sourire colères montres, chantage et caprices Sourire Sourire Sourire Mais il a levé les yeux vers moi et il dégageait de lui quelque chose que je n'avais jamais remarqué avant et je suis tombée amoureuse, en un seul instant, je suis passée de l'incompréhension à l'amour. Notre histoire a vraiment commencé ce jour-là même si on a consommé, comme on dit, que 6 ou 7 mois après. J'ai toujours cru qu'il était avec moi juste pour le Q. Il parait que non. Sylvie m'a dit qu'il a erré comme une âme en peine à la clinique pendant plusieurs mois quand on s'est quittés. J'ai du mal à le croire. Elle n'a aucune raison de me mentir. Mais c'est comme ça. 

Donc, il m'a gardée. Et il a doublé mon salaire. Les filles étaient vertes. Langue tirée

Je lui en veux vachement parce qu'il m'a dit en janvier 2009 qu'il reviendrait dans trois mois et il n'est jamais revenu. Pourtant, s'il était chanteur, il m'aurait chanté Pour que tu m'aimes encore, plus sincère que ça tu meurs. S'il me lisait un jour, il ferait des bonds parce qu'en général, les hommes n'aiment pas les chansons d'amour, comme moi avant que j'écoute vraiment Céline Dion. L'amour, comme la sobriété, est assimilé à de la tapetterie. On a beaucoup entendu Pour que tu m'aimes encore à la radio et c'est tout ce qu'on veut sauf un truc débile pour nanas. Et les hommes qui boudent encore n'ont qu'à changer ou retourner sur Mars, leur vraie planète : la terre va bientôt devenir trop petite pour les hétéros et les nanas ne sont pas débiles.  Pourquoi je m'énerve comme ça ? Sourire J'ai entendu dire il y a plusieurs années que FG était toujours en activité. Cela ne m'étonne pas qu'il bosse toujours. Il n'a pas pu couper avec tout ça. Il disait qu'il mourrait en travaillant et surtout pas à l'hôpital. Surpris

Sécurité médicale et rapport à la vie

Il y a certainement beaucoup moins d'accouchements qui se terminent mal pour la mère et pour le bébé depuis qu'on accouche à l'hôpital. Mais l'assistance médicale a rendu notre rapport à la vie un peu glauque : c'est par l'hôpital que tout le monde vient à l'hôpital et c'est par l'hôpital que tout le monde la quitte. 

C'est le prix à payer pour se donner un maximum de sécurité mais le prix est devenu trop élevé. L'hôpital est associé dans mon esprit au froid des instruments métalliques et aux actes durs comme la ponction lombaire. Je n'en suis pas encore à opter pour des solutions extrêmes mais je préfère prendre quelques risques parce que j'ai peur de l'hôpital. Et j'ai l'impression que cette peur n'est pas comprise par le corps médical. Le dialogue est devenu indispensable parce que si on n'est pas entendus, de plus en plus de gens vont préférer prendres des décisions extrêmes comme accoucher seules à la maison sans aucune assistance d'aucune sorte, faute de sages-femmes opérant à domicile ou pire encore, préférer mourir d'un cancer plutôt que de se faire opérer. La médecine nous rend d'immenses services mais si elle est tout le temps présente partout, s'il n'y a pas d'autre alternative, on finit par fuir ce qui nous est pourtant si cher.

FG n'a jamais su que je suis partie parce qu'à moi, Marguerite, il préférait Annie ! An-nie ! Sans compter Annette, Anne, Marie-Jeanne et de toutes les autres. Je n'ai pas supporté Florence. Rien à voir avec elle. C'est juste une question de prénom. C'est Marguerite ou Florence, cela ne peut pas être les deux.

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